The First Edilium of Bion English'd by the Right Honourable the Earl of Winchilsea, "Mourn all ye Loves the fair Adonis dyes . . .". Possibly a collaboration between Anne and Charles Finch, more likely it is simply by her. Appears in 1701 Gilden, A New Miscellany of Original Poems on Several Occasions, compiled by Charles Gilden, pp. 1-6. See Annotated Chronology No. 87. See also An Annotated Bibliography: Primary and Secondary Sources for all Finch's translations (paraphrases), imitations and adaptations.

Sur la mort d'Adonis. IDYLLE I.

DU Charmant Adonis je plains le triste sort.
Je regrette Adonis; je le pleure. Il est mort.
Il est mort. Les Amours regrettant tant de charmes,
Partagent ma douleur, & répandent les larmes.
Dans la pourpre couchée en ce fatal moment,
Cesse, ô tendre Venus, de dormir mollement.
Éveille, éveille-toy, Déesse infortunée;
Et d'un habit de deüil lugubrement ornée,
Frappe, meurtris ton sein; & crie avec transport,
Le charmant Adonis, mon Adonis est mort.
Je regrette Adonis; les Amours à mes larmes
Unissent leurs suoupirs, & regrettent ses charmes
Le charmant Adonis pâle & sans mouvement
Est desus ces côteaux couché languissamment,
À la cuisse blessé par une dent fatale,
Une dent qu'en blancheur sa belle cuisse égale;
Et ne respirant plus qu'à peine & foiblement,
Il accable Venus du plus cruel tourment
Desus sa chair de lis le sang court & bouillonne
Ses yeux appesantis, qu'un nuage environnne,
Du trespas qui s'approche offrent toute l'horreur.
Les roses de sa bouche ont perdu leur couleur
En même temps perit ce baiser agreable,
Ce basier à jamais à la Déesse aimable.
Tout mort qu'il est, Venus baise encore Adonis
En vain: de ces baisers il ne sent plus le prix.

Je regrette Adonis; les Amours à mes larmes
Unissent leurs soupirs, & regrettent ses charmes.
Adonis, Adonis à la cuisse blessé,
Est d'un feuneste coup cruellement percé.
Mais Venus dans le coeur sent l'atteinte mortelle
D'une blesure encor plus vive & plus cruelle.
Autour de leur cher maître arrangez tristement
Ses chiens dans leur douleur hurlent plaintivement;
Et des monts d'alentour les Nymphes desolées,
Pleurent, & d'un tel coup paroissent accablées.
Mais Venus, les cheveux épars & déchirez,
Adressant au hazard ses pas mal assureux,
Erre, & court les forests, dans la doleur plongée,
Nuds pieds, sans ornemens, tristement negligée.
Des ronces, en courant, les criminels efforts
Versent son sang sacré, déchirent son beau corps.
Elle, faisant entendre au loin sa voix perçante,
Dans les vallons plaintifs avec fureur errante,
Appelle à haute voix, redemande à grands cris
Son jeune Assyrien, son époux, Adonis,
De ce cher Adonis le sang en abondance
Sans cesser cependant coule avec violence;
Et ce sang qui se perd par ce coup inhumain,
Change en pourpre déjà la neige de son sein.

Ah Venus! ah Venus! dans ces vives allarmes
Les Amours gemissans versent aussi des larmes.
Cytherée a perdu son agréable époux,
Ensemble elle a perdu ses charmes les plus doux;
Non, sa rare beauté n'a point été ternie
Tant que son Adonis a conserve la vie;
Et son éclat divin, sa grace, ses appas
Tout est mort avec luy, tout s'est éteint, helas!
Helas, helas! les bois, les montagnes gemissent,
Et du nom d'Adonis tristement retentiseent.
Les fleurs de Venus ressentent le tourment;
Les fontaines aussi pleurent ce cher Amant.
On voit rougir les fleures d'une douleur si vive;
Et venus en tous lieux dit d'une voix plaitive,

Ah Venus! ah Venus! ton Adonis est mort.
L'Echo répond au loin, ton Adonis est mort.

Et qui n'a pas pleuré de Venus malheureuse
L'amour trop tendre helas, l'amour trop douleureuse?
Helas dês qu'elle eut vû son Amant renversé,
E d'un coup si funeste horriblement percé,
Des qu'elle eut vu le sang souille sa cuisse atteinte
Les bras ouverts, son ame eut recours à la plainte.
Attens, ah malheurex, attens un seul moment,
Que je te puisse encor posseder, cher Amant;
Que je t'embrasse avant que ton ame s'envole;
Et que ma chouche encor sur ta bouche se cole.
Eveille-toy, cruel, un moment à ma voix;
Et baise-moy du moins sur la derniere fois.
Tandis que ton baiser vit encor plein de flamme;
Baise Venus; ainsi ton esprit & ton ame
Passeront doucement de ma vouche en mon coeur:
Pour moy je succeray che charme avec ardeur
Et m'envyrant d'amour dans ma tendresse extrême,
Puis qu', ingrat, tu me fuis, aisni qu'Adonis même;
Je scauray conserver ce baiser precieux,
Tu fuis, cher Adonis, tu fuis loin de mes jeux,
Tu me fuis, pour aller sur les rivages sombres
Voir le barare Roy, le fier Tyran des ombres;
Et moy dans cet excês de douleur & d'amour,
Malheureuse, je vis, je vois encor le jour,
Et le Destin cruel me condamnant à vivre,
Déese que je suis, je ne scaurois te suivre
Reine des sombres bords recois mon cher époux.
Prês de mon triste sort que ton destin est doux;
Vers toy descend l'amas des graces & des charmes;
Moy, sans relache en proye aux plus vives allarmes.
Ah je suis parvenue au comble du tourment,
Et ma douleur ne soufffre aucun soulagement.
El est perdu pour moy, je le pleure sans cesse,
Je pleure mon Amant, & he te crains, Déese.
Tu meurs cher Adonis, & mon amour flateur
S'est donc evanoüy comme un songe imposteur.
Du veuvage Venus resent les amertumes.
Les Amours renoncant à leurs douces coutumes,
Inutiles, oisifs, errent dans mon Palais;
Et ma ceinture ensemble a perdu ses attraits.
Et pourquoy donc aussi chassois-tu, temeraire?
Avec tant de beauté, ne seulement pour plaire,
Braver des animaux, dont la ferocité
N'épargne & ne connoit ny grace ny beauté.*
C'est ainsi que Venus exprimoit ses allarmes;
Les Amours de leurs pleurs accompagnoient ses larmes.

Ah Venus! ah Venus! ton Adonis est mort.
Venus abandonée au plus cruel transport,
Repand autant de pleurs dans les maux, qu'elle endure,
Que'Adonis perd des sang par sa large blessure
Ls terre boit à peine & ce sang & ces pleurs
Qu'elle en devient plus belle, & se couvre de fleurs:
De ce beau sang en foule on voit les roses naître
Et de ces pleurs divins les anemones croître.

Je regrette Adonis, je plains son triste sort,
La charmant Adonis, Adonis est mort.
En pleurant ton époux, cesse, triste Déesse,
De remplir les forests de long cris de tristesse:
Pour ton cher Adonis un lit est preparé
Venus, un lit de fleurs de belles fleurs paré;
Ton époux, sur ton lit est étendu sans vie.
Sa beauté par la mort n'a point été fletrie:
Ses sens d'un doux repos semblent être assoupis
Mets, lets-le reposer sur ces mêmes tapis,
Sur lesquels avec toy pendant des nuits heureuses.
Il meloit son repose de peines amoureuses.
Dans un lit magnifique & tout éclatant d'or.
Aime, tout mort qu'il est, aime Adonis encor:
Couvre-le de festons, de couronnes fleuries,
Helas toutes les fleurs avec luy sont fletries;
Parfume-le d'essence & de douces odeurs,
Perissent des parfums les plus douces vapeurs,
Puisqu'Adonis n'est plus, ce parfum de ton ame.
Le charmant Adonis, tendre objet de ta flamme.
Sur des robes de poupre est couché mollement
Prês de luy les Amours rangez confusément,
Par de profonds soupirs, par des torrens de larmes,
En deuil, & sans cheveux, sont hommage à ses charmes.
L'un foule aux pieds ses traits, l'autre son arc brisé
L'autre avec fureur rompt son carquois méprisé;
L'un dans des vases d'or apporte de l'eau pure,
Celuy-cy doucement détache sa chaussure;
L'autre lave sa playe, & par derriere enfin
De ses aîles un autre, helas l'évente en vain.

Les Amours affligez regrettent Venus même.
A la porte Hymenée à dans son deuil extrême
Eteint de desespoir son flambeau malheureux,
Et rompu sa couronne, ornement precieux,
Dont aux jours fortunez de nôces, & de fête,
Cet agréable Dieu paroit sa belle tête
Les chants joyeux d'Hymen n'offrent plus leurs appas,
On n'entend retentir que de plaintifs helas;
Helas triste Adonis, quelle est ta destinée!
Plus triste encore helas, helas triste Hymenée!
Les Graces d'Adonis pleurent le triste sort
Les charmant Adonis, Adonis est mort.
Disent-elles aussi, d'une voix retentissante
Les Parques même enfin regrettent Adonis,
Et veulent par leurs chants rappeller ses esprits.
En vain: il n'entend pas; non qu'il ne veuïlle entendre
Mais Prosperine est sourde, & ne veut pas le rendre.
Cessex, cessex Venus, faites treve aux soupirs.
Privez-vous aujourd'huy de festons, de plaisirs
Il vous faudra pleurer encore une autre année,
Et plaindre d'Adonis la mort infortunée.

From Hilaire-Bernard de Requeleyne, seigneur de Longepierre, Les Idylles de Bion et de Moschus. Traduites de Frec en Vers Francois. Avec des REmarques. Hilaire-Bernard de Requeleyne, seigneur de Longepierre. Paris, 1686, pp. 3-17 (a Greek text faces the French throughout). This is the longest of the seven classic texts (six originally in Greek, one originally in Latin) which Anne translated through a French adaptation. She took another six from Italian texts using the French either as an intermediary or a crib. This was a the procedure for the learned lady of the 17th and 18th century: Seventeenth-century courtly French translations provided their "way in" to Latin and Greek. It was a bit later in the eighteenth century that English translations superceded these. I am impressed by Finch's ambition.


Home
Contact Ellen Moody.
Pagemaster: Jim Moody.
Page Last Updated 8 January 2003