Amélie Mansfield

[Volume II, pp. 98 - 99]

LETTRE LIV



Ernest à Adolphe


22 Mai à 3 heures.

[p. 98] Jusqu'à ce soir il me faut subir toutes les angoisses de l'incertitude; peut-être les calmerai-je en vous écrivant: depuis deux jours je n'ai pas été en état de le faire: j'ai perdu le repos, je suis en délire, j'erre le jour et la nuit comme un insensé; la santé de ma mère m'appelle, l'affliction d'Amélie me retient; le devoir et l'amour me déchirent également: l'amour l'emporte: ou, je le sens et j'en frémis, [p.99] dans ces instans où mon imagination frappée se représente ma mère expirante et demandant son fils pour lui donner sa dernière bénédiction, alors même je ne puis partir, un invincible pouvoir m'arrête; non, je ne puis partir sans avoir appaisé Amélie. Ce soir, Adophe, je saurai mon sort; ce soir, je serai délivré de ma peine ou de la vie.


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Page Last Updated 28 February 2004