Amélie Mansfield

[Volume III, pp. 204 - 206]

LETTRE CIII [Continuation V]



Blanche à Albert


A minuit.

[p. 204] Pendant ce dialogue, Ernest ne paraissait rien écouter: éperdu de la [p. 205] nouvelle qu'il venait d'apprendre, la joie semblait lui avoir ravi l'usage de ses sens? A la fin, il a dit d'un voix entrecoupée: "Amélie! . . . . il est donc vrai? O trop heureux Ernest! ô mon épouse adorée! viens sur mon sein . . . . Dieu bienfaisant! je te bénis de m'avoir donné une raison de plus de l'aimer! O mon Amélie! pourquoi cette rougeur sur ton céleste visage? enorgueillis-toi au contraire de nos tiens, de mon bonheur: ah! je le jure, jamais, jamais tu ne parus plus touchante, plus chère, plus sacrée à mes yeux!" L'expression d'Ernest avait quelque chose de si entraînant, que mon père s'st approché de Madame de Woldemar, et lui a dit: "Eh bien! ma soeur, ne pardonnerez-vous pas à Amélie? -- La religion, a répondu la Baronne, nous commande, je le sais, d'être miséricordieux envers les coupables, mais non de les récompenser: et jamais, non jamais mon fils n'obtiendra mon consentement pour son mariage [p. 206] avec cette femme, qui a trahi tous ses devoirs; mais comme je vois bien qu'il est déterminé à s'en passer, et que je ne veux pas pourtant faire un éclat qui lui ôte toute la considération et les espérances d'avancement que l'ignominie de son mariage ne lui enlevera que trop, dès ce soir, je l'abandonne, je quitte ma maison, je l'en laisse maître absolu; je ne ferai aucune démarche contre l'accomplissement de ses voeux criminels; mais qu'il n'ignore pas qu'en les prononçant, il déchirera le coeur de sa mère, et que dans le couvent où elle va se retirer, elle déplorera jusqu'à son dernier soupir le malheur d'avoir donné le jour à un tel fils.


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Page Last Updated 24 April 2004