Amélie Mansfield

[Volume III, pp. 241 - 242]

LETTRE CVII [Continuation II]



Albert à Blanche


A quatre heures.

[p. 241] Le médecin ne quitte pas Amélie, et retire peu à peu l'espoir qu'il avait donné. Elle s'évanouit à tous momens; et quand elle reprend connaissance, un nuage obscurcit sa vue, et elle ne nous reconnaît plus qu'au son de la voix. Tout à l'heure elle vient de m'appeler: "Je ne te distingue plus, mon Albert! m'a-t-elle dit avec une voix défaillante; mais mon coeur qui bat encore n'a pas cessé de t'aimer -- Je vais te [p. 242] quitter . . . . Adieu, mon frère -- Je ne pleure que sur toi, car mon fils m'oubliera, et je le laisse entre tes mains." Je suis tombé à genoux devant ce lit de douleur sans avoir la force de répondre. "Tu m'as pardonné, mon frère, n'est-ce pas? A cette question, Ernest est sorti de sa morne stupeur, et se prosternant à côté de moi, il m'a dit: "Pardonne-moi aussi, Albert; et quoiqu'il en coûte a ton coeur, promets que je ne mourrai pas haï du frère d'Amélie . . -- Non, je ne te hais pas, lui ai-je dit en sanglotant." Amélie ne nous entendait plus; elle venait de perdre encore connaissance. Nous nous sommes levé pour la secourir . . Depuis une heure elle paraît mieux; elle est calme et s'endort par intervalle . . .O ma Blanche! se cette dernière lueur d'espoir m'est enlevée, si la mort de ma soeur -- je n'ai pas la force de continuer; si je la perds, s'il me faut vivre, ah, ma Blanche! . . . . je ne le pourrai qu'à cause de vous.


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Page Last Updated 2 December 2003